L’équipe de l’Association des pédiatres du Québec tient à remercier les membres de son comité Tarifs et négociations pour leur travail inestimable dans la production de ce document. Elle remercie également les Drs Pierre-Claude Poulin et Sasha Dubrovsky pour les versions précédentes qui ont servi de bases pour l’outil actuel.
L’Association s’est donné pour objectif de fournir à ses membres des outils de qualité visant l’optimisation de leur facturation en offrant des suggestions basées sur une interprétation raisonnable et diligente des manuels de facturation disponibles. Notez cependant que la facturation demeure un exercice complexe et que la RAMQ fait sa propre interprétation de ses manuels. Le présent outil comporte des résumés et des libellés raccourcis : il est donc essentiel que vous vous référiez aux manuels de facturation de la RAMQ eux-mêmes afin d’avoir accès à l’ensemble des détails requis pour une facturation adéquate. Gardez en tête que vous demeurez responsable de votre facturation, et ce même si vous recourez aux services d’une agence de facturation.
L’information contenue dans cet outil est offerte à des fins éducatives et informatives seulement et s'adresse exclusivement aux pédiatres membres de l’Association des pédiatres du Québec et aux résidents inscrits dans un programme de pédiatrie au Québec. L’Association n’offre aucune garantie et ne peut en aucun temps être tenue responsable du contenu du document ou de l’inexactitude des informations qui y sont transmises ainsi que des conséquences, y compris des pertes ou dommages, de quelque nature que ce soit, subies par la suite de l’utilisation du contenu ou du fait qu’un utilisateur s’y soit fié.
Au Québec, la grande majorité des médecins sont rémunérés en fonction des actes qu’ils posent et de certains forfaits auxquels ils sont éligibles. Il est important de bien facturer tant pour des raisons individuelles que collectives.
Du point de vue individuel, une rémunération à la hauteur de ce qui est accompli au quotidien dépend de la qualité de la facturation. Il est ainsi essentiel de comprendre le fonctionnement de la facturation, de connaître les actes facturables et de savoir faire le bon choix lorsque plusieurs codes de facturation sont possibles. Parfois, des montants de 5 $ ou de 38 $ peuvent sembler insignifiants en comparaison aux démarches à entreprendre pour les facturer, mais au bout de quelques années ou sur l’ensemble d’une carrière, ces montants peuvent faire une énorme différence.
Une facturation rigoureuse revêt également une grande importance du point de vue collectif. Lors de distributions monétaires, les associations se partagent les sommes entre elles avant de les répartir au sein de leurs propres codes, en fonction de prévisions actuarielles. Pour chaque tarif, on prévoit une certaine fréquence de facturation basée sur divers facteurs. Si les sommes facturées sont inférieures aux sommes prévues, la différence est perdue et ne revient pas dans l’enveloppe associative l’année suivante. C’est ce qui se produit année après année en pédiatrie, à cause d’une non-atteinte des sommes prévues. La pédiatrie étant une spécialité exigeante avec une pratique clinique de plus en plus complexe, il est important que les pédiatres soient compensés adéquatement en comparaison avec les autres spécialités médicales pour que l’enveloppe associative croisse concurremment avec l’évolution de la pratique.
La facturation pour les médecins spécialistes du Québec s’appuie sur différents outils.
L’outil principal consiste en les guides et manuels de facturation de la RAMQ (https://www.ramq.gouv.qc.ca/fr/professionnels/medecins-specialistes/manuels/Pages/entente-remuneration.aspx). Il existe 7 guides et manuels de facturation pour les médecins spécialistes sur le site Internet de la RAMQ.
Tout d’abord, il y a l’Accord cadre, aussi appelé Brochure no 1. Ce guide comporte l’Accord-cadre, les lettres d’entente, les décrets et règlements, ainsi que les protocoles d’accord. On y retrouve par exemple l’annexe spécifiant le cadre de la rémunération pour les urgentologues pédiatriques, ainsi que la lettre d’entente balisant la rémunération de la télémédecine.
Le Manuel de la rémunération à l’acte comporte l’ensemble de la tarification des visites par spécialités, ainsi que la liste des procédés diagnostiques et thérapeutiques à laquelle toutes les spécialités ont accès. C’est donc dans ce manuel que le tarif d’une consultation en pédiatrie est balisé, tout comme la rémunération d’une ponction lombaire.
Le Guide de facturation de la rémunération à honoraires forfaitaires et à salariat comporte des précisions sur la manière de remplir les demandes de paiement, les précisions sur les frais de déplacement et de séjour, le paiement à salariat, le paiement à tarif horaire, ainsi que les demandes de facturation hors délai.
Le Guide de facturation pour les mesures incitatives contient les informations relatives à la rédaction des demandes de remboursement et de paiement.
La Brochure no 5 précise les modalités de la rémunération mixte. On y retrouve notamment le tableau précisant les pourcentages de suppléments d’honoraires des différents actes facturables en rémunération mixte pour les pédiatres.
Le Manuel des services de laboratoire en établissement précise les dispositions tarifaires pour les différentes spécialités en laboratoire, comme l’anatomopathologie, la biochimie médicale, l’hématologie, etc.
Finalement, le Guide de facturation pour les services médicaux rendus au Québec à des résidents des autres provinces et des territoires précise les modalités de réclamation hors province pour les services médicaux et les services non assurés.
L’Accord-cadre et le Manuel de rémunération à l’acte constituent les deux manuels que les médecins consultent le plus fréquemment. Nous vous encourageons d’ailleurs à les lire.
Tous les mois, la RAMQ publie des infolettres. Celles-ci portent sur divers sujets qui sont pertinents à la pratique des pédiatres. Il est donc important de les lire. Ces infolettres vous sont envoyées directement par la RAMQ, mais elles sont aussi disponibles en ligne à l’adresse suivante :
En date de la rédaction du présent guide, 4 formations portant spécifiquement sur notre entente sont disponibles sur le site Internet de la RAMQ. Elles portent sur les actes non tarifés, les désignations, la garde en disponibilité, et la rémunération mixte.
https://www.ramq.gouv.qc.ca/fr/professionnels/medecins-specialistes/Pages/formations.aspx
D’autres ressources existent en facturation. L’APQ publie des chroniques portant spécifiquement sur la facturation pour les pédiatres par l’entremise de son bulletin La Fontanelle et de ses infolettres Info-APQ (https://pediatres.ca).
La FMSQ le fait aussi par l’entremise de ses différentes communications, dont Le Point. Finalement, certaines agences de facturation proposent des formations à leurs clients.
Le médecin peut faire sa facturation lui-même, généralement avec l’aide de logiciels spécifiquement conçus pour la facturation au Québec. D’autres engagent des agences de facturation qui s’occupent de préparer les demandes de paiement et de communiquer avec la RAMQ. Toutefois, qu’ils délèguent ou non leur facturation à une agence, les médecins demeurent responsables de leur facturation. Il est donc essentiel de comprendre le sujet. En effet, l’agence ne peut connaître tout ce qui est fait par le médecin : elle dépend donc de lui pour envoyer les demandes de paiement à la RAMQ. Ainsi, si le médecin ignore les codes de facturation ou facture mal, sa facturation, même si elle est effectuée par une agence, sera sous-optimale.
Les tarifs et forfaits sont les mêmes pour l’ensemble des pédiatres du Québec. Toutefois, selon la région où vous pratiquez, il est possible que vous ayez droit à une majoration de ces tarifs. Par exemple, si vous pratiquez dans un territoire désigné comme étant isolé (régions 17 et 18 par exemple), vous avez droit à une majoration de 45 %. Cette majoration est versée jusqu’à concurrence annuelle de 381 300 $ d’honoraires résultant de services.
Il est donc important de déterminer votre territoire de pratique principale avant de commencer à facturer. Le territoire de pratique principale correspond au territoire sur lequel vous tirez au moins 50 % de vos gains de pratique. Pour savoir si votre centre bénéficie de cette majoration, veuillez vous référer à l’Annexe 19 dans la Brochure no1 du Manuel de facturation des médecins spécialistes.
Lorsque vous effectuez un acte ou une visite, vous avez 90 jours pour le facturer. Dans de rares cas, il est possible de facturer hors délai, mais il faut alors entreprendre des démarches particulières et justifier cette demande auprès de la RAMQ.
De plus, il faut prévoir en général un mois entre le moment où vous facturez et le moment où vous recevrez le paiement qui en découle. En effet, chaque période de facturation dure deux semaines, et il faut compter deux semaines entre la date limite de réception des factures et la date de paiement. L’ensemble des calendriers pertinents se retrouve à la section « Calendriers » du site Internet de la RAMQ.
Il existe trois modes de facturation pour les médecins spécialistes du Québec. La rémunération à l’acte, la rémunération mixte et la rémunération à tarif horaire.
Pour la rémunération à l’acte, une rémunération est versée pour chaque acte posé. La rémunération à tarif horaire est moins fréquente en pédiatrie, mais comme son nom l’indique, le médecin est payé à l’heure. En rémunération mixte, le médecin est éligible à un per diem, accompagné d’un pourcentage de rémunération pour les actes effectués. La rémunération mixte est un mode de rémunération qui s’applique de jour la semaine. Ainsi, un médecin en rémunération mixte facture à l’acte en heures défavorables et lors des fins de semaine.
Le mode de rémunération est exclusif dans le département, le service, ou le secteur d’activité. Ainsi, il faut que tous les membres dudit département, service ou secteur d’activité facturent selon le même mode de facturation.
Pour savoir quels actes et visites sont facturables de jour en rémunération mixte, c’est-à-dire en dehors des heures de garde, de jours fériés et des jours de fin de semaine, vous devez vous référer au tableau produit par la RAMQ qui se trouve à l’Annexe 38. Les codes de facturation inscrits au tableau sont payés au pourcentage indiqué. Les codes n’y figurant pas ne sont pas facturables en rémunération mixte. Mais attention : la rémunération mixte ne concerne que les jours de semaine, entre 7h et 21h. L’ensemble des codes est donc facturable durant les gardes, les jours fériés et les jours de fin de semaine, même si vous êtes en rémunération mixte la semaine.
La pratique des pédiatres du Québec est répartie dans divers lieux. Selon les lieux de pratique, les codes d’acte et les montants facturables sont différents. Les cinq lieux principaux sont l’hospitalisation, le cabinet privé, la clinique externe, le domicile et le centre hospitalier de soins de longue durée. Il est important de facturer conséquemment étant donné la variation des tarifs.
Le pédiatre qui « répond à la demande d’un intervenant à une urgence pendant l’horaire de garde a droit au paiement d’honoraires majorés ». Les honoraires sont majorés de 70 % jusqu’à minuit, et de 150 % de minuit à 7 h. Cette majoration est basée sur l’heure de début de la visite ou de la procédure. L’horaire de garde s’étend de 19 h à 7 h la semaine pour les médecins à l’acte, et de 21 h à 7 h la semaine pour les médecins en rémunération mixte. De plus, l’horaire de garde inclut les fériés et les jours de fin de semaine dans leur totalité. À noter que la majoration d’urgence ne s’applique pas au médecin qui fait un quart de travail à l’urgence de l’établissement (ex. : quart à l’urgence pédiatrique).
La grande majorité des services sont couverts par cette majoration d’urgence. Parmi les services exclus :
Par exemple, si vous êtes à l’hôpital à 1 h du matin pour réévaluer à la demande d’une infirmière un asthmatique dont l’état se détériore : cette visite est majorable. Si vous en profitez pour revoir un patient que vous avez admis plus tôt, mais qui est stable, vous pouvez facturer votre visite, mais celle-ci ne sera pas majorable malgré l’heure étant donné que vous n’avez pas répondu à la demande d’un intervenant et qu’il n’y a pas de changement dans l’état clinique du patient nécessitant une intervention urgente.
Il existe aussi des forfaits pour les pédiatres qui doivent se déplacer en urgence durant les horaires de garde : 328 $ entre minuit et 7 h, et 163 $ pour le reste de la garde. Toutefois, ce forfait d’urgence ne peut pas être facturé avec les actes posés majorés : il faut choisir entre les deux. Donc à vous de voir lequel des deux est le plus avantageux en fonction de ce que vous avez effectué.
La présence d’apprenants est grandement enrichissante, mais complique un peu la facturation.
Tout d’abord, que peut-on facturer lorsque l’on travaille avec un résident? Cette question fait référence à la Règle 3 du Manuel de facturation à l’acte (Règles d’application et plafonnements). Les actes posés conjointement avec un résident ou un externe peuvent être facturés si certaines conditions sont remplies : le pédiatre était présent et a participé à certaines phases des soins prodigués et il a contresigné la note de l’apprenant.
De plus, certaines activités d’enseignement sont facturables. À ce sujet, voir le Protocole d’accord relatif à la rémunération de certaines activités d’enseignement effectuées par les médecins spécialistes, qui se trouve dans la Brochure no 1. D’autres précisions sont présentées dans la section de l’enseignement clinique du site Internet de la RAMQ. Cette section comporte aussi l’ensemble des unités d’enseignement clinique désignées.
Certaines activités sont rémunérées au taux horaire, à raison de 211 $ de l’heure. D’autres donnent droit à un montant forfaitaire. Par exemple, la supervision clinique dans une unité d’enseignement clinique désignée est de 190 $ par demi-journée en semaine. Ce montant forfaitaire varie de 95 $ à 127 $ par demi-journée ailleurs qu’en unité d’enseignement clinique.
Les visites constituent la majorité de la facturation des pédiatres du Québec. À chaque visite sont rattachées une description et des conditions de facturation. Il est donc essentiel de lire le libellé de l’ensemble des visites afin de bien saisir quelles visites peuvent être facturées dans votre contexte clinique.
Ci-dessous se trouve une description provenant du site Internet de la RAMQ des principales visites facturées en pédiatrie. Cette liste n’est pas exhaustive, et les descriptions ne le sont pas non plus : nous vous encourageons à lire le Manuel de facturation de la RAMQ. Toutefois, nous avons choisi celles-ci afin de détailler certains des codes les plus fréquemment utilisés : ces descriptifs sont tirés directement des manuels de facturation de la RAMQ (1).
Visite principale
Visite de transfert
Visite de contrôle
Tournée des malades le weekend
Consultation
Thérapie de communication
Surveillance
Réanimation cardio-respiratoire
Visites à domicile
Réunion clinique multidisciplinaire
Supplément de durée
Supplément pédiatrique aux soins intensifs
« Tarif psychosocial »
Une section du Manuel de facturation à l’acte porte sur les procédés diagnostiques et thérapeutiques. Ceux-ci ne sont pas spécifiques aux différentes spécialités, à moins que ça le soit précisé. Ainsi, nous vous encourageons à lire cette section afin d’identifier les procédés que vous effectuez dans votre pratique. Si vous êtes en rémunération mixte, certains de ces procédés sont facturables de jour, d’autres non. Toutefois, rappelez-vous qu’en dehors des heures de rémunération mixte, c’est-à-dire le soir, les fins de semaine et les jours fériés, vous avez accès à l’ensemble de ces codes à moins que ce soit spécifié autrement.
Voici quelques exemples de procédés diagnostiques et thérapeutiques : cathéter ombilical, ponction lombaire, administration de surfactant, frénectomie, etc.
La facturation est complexe, difficile à maîtriser, et parfois (voire souvent), source de frustration. De plus, il s’agit d’un sujet qui, à l’exception de certains milieux, est peu discuté. Il est donc fréquent de douter quand vient le temps de facturer une journée ou une semaine. Voici quelques points importants relativement aux bonnes pratiques en facturation :
La liste ci-dessous n'est pas exhaustive, il s'agit d’exemples des PDT facturés en pédiatrie.
Bonjour à tous,
En cette fin d’année 2024, nous avons le plaisir de vous présenter notre nouveau Guide de facturation à l’intention des pédiatres du Québec, disponible dans les ressources de la section sécurisée de notre site Internet, au https://www.pediatres.ca/membres/facturation.
Les trois premières sections du Guide présentent l’importance de la facturation, les outils et références en facturation au Québec ainsi que les principes de base en facturation. Les deux sections suivantes sont l’outil pratique pour les visites et l’outil pratique pour les procédés diagnostiques et thérapeutiques. La dernière section présente quant à elle la liste des sources auxquelles nous vous recommandons fortement de vous référer lorsque vous avez des questions en lien avec votre facturation. Nous sommes évidemment toujours disponibles pour vous soutenir du mieux que nous le pouvons en cas d’interrogations quant au contenu de ces références.
Les articles 13 et 14 de la Lettre d’entente 241 concernant les services médicaux rendus par voie de télécommunication en médecine spécialisée ont été prolongés et ce jusqu’au renouvellement de l’Accord-cadre. Il n’y a donc pas de changement dans la rémunération des services rendus en télémédecine pour le moment.
En septembre dernier, nous vous invitions à surveiller les infolettres de la RAMQ au sujet de la mise en œuvre de la Modification 114 comprenant l’accessibilité des codes de l’ADOS et de l’ADI-R hors Agir tôt, le retrait de l’exclusion en lien avec l’utilisation du code 15543 pour les autres médecins qui voient le même patient le même jour, le tarif psychosocial en hospitalisation facturable par tranche de 15 minutes, l’accessibilité aux épreuves de fonction respiratoire de l’addendum 11 du Manuel de facturation des services de laboratoire et l’accessibilité de la visite pour patient sous chimiothérapie, greffé ou immunosupprimé primaire ou secondaire en cabinet. Ces changements n’ont toujours pas été officialisés et ne sont donc toujours pas facturables. Nous espérons qu’ils le seront dans les meilleurs délais, mais sommes conscients que ce genre de mise en œuvre peut demander beaucoup de temps. Nous vous tiendrons informés des développements.
Nous vous souhaitons un joyeux temps des fêtes et une merveilleuse année 2025!
Comme deux pédiatres infectiologues valent mieux qu’un, c’est maintenant une dyade qui coécrira la chronique sur les activités du Comité d’immunisation du Québec! Pour célébrer l’arrivée de la saison hivernale, la présente édition fait le point sur les vaccins contre les infections respiratoires et leurs complications.
Après la rougeole, l’année 2024 aura été marquée par le grand retour d’une autre infection évitable par la vaccination au Québec et dans plusieurs pays du monde : la coqueluche. Si l’accessibilité augmentée au test PCR pour la détection de Bordetella pertussis au cours des dernières années1 contribue certainement à l’augmentation du nombre de diagnostics confirmés, l’épidémie qui a cours depuis le printemps sur le territoire québécois n’en demeure pas moins d’une ampleur exceptionnelle2.
Rappelons que le calendrier régulier de vaccination inclut présentement une primo-vaccination DCaT à 2 + 1 doses (2 mois, 4 mois et 12 mois), suivi d’une dose de rappel à l’entrée scolaire (4-5 ans). À l’adolescence (3e secondaire), le dcaT ou le dT peuvent être administrés selon la disponibilité des produits. La durée de l’efficacité de la dose de rappel étant courte et le vaccin acellulaire n’étant pas efficace pour réduire la colonisation nasopharyngée à B. pertussis (et donc la transmission de la coqueluche), le CIQ ne recommande pas une administration préférentielle du dcaT plutôt que du dT à l’adolescence3.
Un fait notable (et réjouissant!) est que les enfants de moins de 12 mois, soit le groupe d’âge le plus à risque de complications, ont été relativement épargnés par l’éclosion actuelle (figure 1). En effet, malgré une transmission soutenue dans la communauté, une plus faible proportion de cas de coqueluche a été identifiée chez les nouveau-nés et les nourrissons que lors des éclosions précédentes4. De plus, le nombre d’hospitalisations dans ce groupe d’âge a été moindre qu’attendu considérant l’ampleur de l’épidémie2.
Figure 1 : Taux d’incidence cumulée de coqueluche selon le groupe d’âge.
Ensemble du Québec, cumul après 39 semaines CDC (semaine se terminant au 28 septembre 2024), année 2024 (taux exprimé pour 100 000 personnes).
Ce constat renforce l’importance de la dose de rappel de dcaT entre 26 et 32 semaines de gestation à chaque grossesse, qui permet la protection du nourrisson par le transfert transplacentaire d’anticorps durant le troisième trimestre. Cette mesure a une efficacité d’environ 90 % à prévenir les cas confirmés de coqueluche dans les trois premiers mois de vie5. Ayant augmenté progressivement depuis l’intégration de ce rappel au calendrier régulier en 2018, la couverture vaccinale en grossesse atteint maintenant entre 70 et 75 %4. Par ailleurs, la primo-vaccination à 2 et 4 mois est également cruciale pour la protection des nourrissons. Soulignons que la couverture pour le DCaT-VPI à 15 mois atteignait 92,2 % en 2021, ce qui représente une diminution par rapport à 2019 où ce pourcentage était de 96,4 %6.
Si des efforts pour augmenter ces taux de couverture demeurent essentiels, la diminution des cas chez les bébés peut certainement être considérée comme une victoire pour le programme de vaccination québécois contre la coqueluche, dont l’objectif principal est la réduction des infections sévères chez les nourrissons.
Dans la chronique de mars 2024, il était question des recommandations du CIQ concernant le choix du vaccin conjugué à inclure au calendrier régulier de vaccination pour la prévention des infections invasives à pneumocoque dans la population pédiatrique. Deux vaccins récemment approuvés, le VPC-15 et VPC-20 permettent de couvrir davantage de sérotypes de S. pneumoniae que les vaccins actuellement administrés. Lors de la rédaction de l’avis, les deux nouveaux vaccins étaient considérés comme des choix acceptables par le CIQ pour remplacer le VPC-10 (Synflorix®, GSK) et le VPC-13 (Prevnar 13®, Pfizer) au sein du calendrier régulier7.
À la suite de l’attribution du contrat provincial d’approvisionnement, c’est finalement le VPC-15 (Vaxneuvance®, Merck) qui, depuis octobre 2024, est administré aux enfants à faible risque d’infection invasive à pneumocoque à raison de 3 doses à 2, 4 et 12 mois. Une dose additionnelle de VPC-15 doit être administrée à 6 mois chez les prématurés de moins de 32 semaines ou ayant un faible poids à la naissance (< 1500g), chez les nourrissons vivant dans les communautés autochtones du Nunavik et des Terres-cries-de-la-Baie-James, et chez les nourrissons présentant une condition les mettant à risque élevé d’infection invasive à pneumocoque (tableau 1). À noter que les nourrissons à risque très élevé d’infection invasive à pneumocoque (tableau 1) doivent recevoir 4 doses de VPC-20 à 2, 4, 6 mois et 12 mois. Les enfants à risque très élevé doivent d’ailleurs recevoir au moins une dose de VPC-20 si leur vaccination a été complétée avec un autre vaccin pneumococcique conjugué. Nous vous invitons à consulter le protocole d’immunisation du Québec (PIQ) pour le nombre de doses à administrer selon l’âge à l’initiation de la vaccination (ou au diagnostic d’une condition mettant à risque élevé ou très élevé d’infection invasive à pneumocoque).
Tableau 1 : Liste des groupes à risque élevé et à risque très élevé d’infection invasive à pneumocoque
Ce changement marque également le retrait du vaccin polysaccharidique contre le pneumocoque (VPP-23) du programme public de vaccination en pédiatrie. Le passage au VPC-20 pour les enfants à risque très élevé permettra en effet de protéger ceux-ci de façon plus robuste contre la grande majorité des sérotypes qui sont inclus dans le vaccin polysaccharidique, dont l’efficacité à prévenir les infections invasives à pneumocoque est bien inférieure.
La vaccination contre le pneumocoque étant en constante évolution, le CIQ évalue présentement l’intégration d’un nouveau vaccin, le VPC-21 (Capvaxive®, Merck), au programme public de vaccination chez les adultes. Ce vaccin permet de couvrir des sérotypes différents du VPC-15 et du VPC-20 et est en quelque sorte complémentaire à ces deux derniers. Si ce vaccin n’est pas encore approuvé chez les enfants, il demeure possible que l’introduction de ce nouveau produit ait un impact éventuel sur les recommandations pédiatriques. À suivre!
La saison des virus respiratoires est maintenant bien amorcée, mais il est encore temps pour vos patients des groupes ciblés par le programme public d’aller chercher les immunisations requises contre la COVID-19, l’influenza et le VRS.
Le virus de la COVID-19 circule maintenant de façon endémique au Québec par vagues successives, mais ne suivant pas une saisonnalité bien définie pour le moment. Les vaccins ont par ailleurs dû être ajustés périodiquement vu l’émergence de nouveaux variants du virus afin de conserver leur efficacité contre les complications graves de la COVID-19. De nouvelles formulations des vaccins Cominarty® (Pfizer) et Spikevax® (Moderna), efficaces contre le variant Omicron KP.2 ont été approuvées récemment par Santé Canada. Pour l’automne 2024, le vaccin contre la COVID-19 est toujours disponible gratuitement pour toute personne âgée de 6 mois et plus qui désire réduire son risque de contracter le virus. Toutefois, la vaccination est particulièrement recommandée pour certains groupes à risque de complications graves. En pédiatrie, il s’agit des enfants de 6 mois ou plus immunodéprimés, dialysés ou vivant avec une maladie chronique.
Quant à l’influenza, aucun changement pour la saison 2024-2025 au niveau des groupes pour lesquels la vaccination est recommandée. En pédiatrie, il s’agit des enfants de plus de 6 mois présentant certaines maladies chroniques ou une immunosuppression, étant sous traitement prolongé à l’acide acétylsalicylique (AAS) ou vivant sous le même toit qu’une personne à risque élevé de complications de la grippe (ce qui inclut les enfants de moins de 6 mois qui, bien qu’ils ne puissent pas recevoir le vaccin, sont considérés à risque élevé). Bien que ces groupes soient prioritaires, le vaccin injectable contre l’influenza demeure gratuit pour toute personne qui en fait la demande. Par ailleurs, il est à noter que le vaccin vivant atténué intranasal (FluMistTM, AstraZeneca) est disponible en 2024-2025 pour les enfants de 2 ans et plus (contrindiqué chez les enfants avec asthme grave ou ayant consulté pour respiration sifflante dans les 7 jours précédents, prenant de l’AAS ou étant immunosupprimés). La formulation intranasale n’est cependant gratuite que pour les groupes prioritaires énumérés ci-haut.
Par ailleurs, la première saison d’administration du nirsévimab (BeyfortusTM, Sanofi Pasteur – AstraZeneca), un anticorps monoclonal pour la prévention des infections graves par le VRS, a débuté en octobre et va bon train! La chronique de septembre ayant détaillé les critères d’admissibilité, nous ne les répéterons pas ici, mais nous vous encourageons à vérifier l’éligibilité de vos patients dans le PIQ. Les nourrissons éligibles qui n’ont pas reçu le nirsévimab à la naissance peuvent prendre rendez-vous sur CliqSanté pour le recevoir en pharmacie ou en point de service local. À noter que le nirsévimab n’est pas disponible sur le marché privé pour les nourrissons qui ne répondent pas aux critères d’admissibilité.
RÉFÉRENCES
1. Tchekanda E, Bélanger S. Modalités et trajectoire diagnostiques de la coqueluche. Québec : Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS); 2021:48.
2. Markowski F, Laverdière É, Cormiers AD. Coqueluche : mise à jour sur la recrudescence des cas au Québec. Bulletin Flash Vigie, vol 18 no 7; Gouvernement du Québec; Octobre 2024.
3. Comité sur l’immunisation du Québec (CIQ). Stratégie optimale de vaccination contre la coqueluche au Québec. Institut National de Santé Publique du Québec (INSPQ); 2018 :88.
4. Brousseau N. Quoi comprendre de la recrudescence de coqueluche au Québec en 2024? : Institut National de Santé Publique du Québec (INSPQ); juillet 2024.
5. Comité sur l’immunisation du Québec (CIQ). Avis sur la pertinence de mettre en place la vaccination contre la coqueluche chez toutes les femmes enceintes au Québec. Institut National de Santé Publique du Québec (INSPQ); 2016:65.
6. Kiely M, Audet D, Ouakki M, et al. Étude sur la couverture vaccinale des enfants québécois âgés de 1 an et 2 ans en 2021. Institut National de Santé Publique du Québec (INSPQ); 2023:10.
7. Comité sur l’immunisation du Québec (CIQ). Avis sur le choix d’un vaccin pneumococcique conjugué pour l’immunisation des enfants au Québec. Institut National de Santé Publique du Québec (INSPQ); novembre 2023.
8. Ministère de la santé et des services sociaux du Québec. Protocole d’immunisation du Québec : Tableau synthèse des vaccins contre le pneumocoque. 2024; https://msss.gouv.qc.ca/professionnels/vaccination/piq-vaccins/tableau-synthese-pour-l-utilisation-des-vaccins-contre-le-pneumocoque/#liste-des-autres-conditions. Consulté le 11 novembre 2024.